Les nouveaux modèles d'affaires

Le 09 octobre 2007

Journée Infopresse

On ne peut plus faire des affaires comme on en faisait avant : avec la venue des médias interactifs – Internet, cellulaire, jeux vidéo ect., les modèles traditionnels ne sont plus efficaces. Le consommateur, maintenant aux commandes, fait en sorte que le marketing et la gestion dans les métiers de communication sont en réorganisation et que le travail des communicateurs et des gestionnaires en totale mutation.
Les invités de cette journée sur les nouveaux modèles d’affaires ont présenté leur point de vue de ce qu’ils font et de ce qu’ils entrevoient pour l’avenir.
Voici un résumé des principales interventions.

Pour consulter le programme complet, cliquez ici.

Texte rédigé par Yolande Cyrenne, en collaboration spéciale avec le CDMQ.


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Bienvenue dans la Wikiéconomie!
par Christian Dussart, professeur titulaire HEC Montréal

M. Dussart a une grande expérience et a notamment travaillé chez L’Oréal et d’autres clients prestigieux; il a enseigné pendant six ans au MIT, Massachusetts Institute of Technology, où il a été nommé professeur de l’année en 2005-2006.

Selon M. Dussart, on s’est pendant trop longtemps attardé uniquement à la technologie sans vraiment s’appliquer à profiter de ses nouvelles opportunités en vue de générer des profits, ce qui est le but de toute business.
Le problème maintenant : livrer plus pour moins.
Les entreprises doivent constamment améliorer leur produit via la recherche et le développement  mais le consommateur n’est pas prêt à payer plus pour ce même produit.

Pourquoi cette situation ? Question d’offre et de demande.

La globalisation et la digitalisation ont engendré la dévalorisation du produit.
L’offre : prolifération de marques pour un même produit à des prix très concurrentiels via la globalisation des marchés.
La demande : grâce à la digitalisation, le consommateur a maintenant le pouvoir de s’informer et de comparer, ce qui résulte en une fragmentation de clientèles jamais vécue avant.

Conséquences de la nouvelle économie :

  • diminution relative du pouvoir de la marque
  • diminution relative de la fidélisation à la marque
  • les prix de vente ont tendance à baisser
  • la différenciation entre les marques de produits n’est plus perçue
  • la globalisation des marchés via la souris
  • choix énorme de canaux de distribution
  • le magasinage on-line compte de plus en plus d’adeptesComment s’en sortir ?

Chapitre 1 : le mythe de la commoditisation
Constat : on  remarque que de plus en plus d’entreprises qui ont des modèles d’affaires traditionnels éprouvent de grandes difficultés de gestion et financières.
Quelle est la façon de se sortir de la commoditisation de la marque ?

Chapitre 2 : innover
Valoriser l’innovation en trouvant la bonne façon de le faire pour son produit, donc offrir plus de valeur aux yeux du consommateur, et ce,  à un coût moindre.
L’innovation devrait être une préoccupation de tous les jours – M. Dussart parle même d’instituer une paranoïa de l’innovation au sein de l’entreprise.

Chapitre 3 : gérer votre évolution en vous adaptant aux nouvelles technologies
• ne pas s’attarder aux vieux paradigmes, s’ouvrir aux nouveautés ;
• gérer votre évolution en vous adaptant ; exemples : easyjet.com est uniquement disponible sur Internet, donc plus d’agences de voyage, et donc, plus de commission à payer ;
• rappelez-vous que les services de ventes sur le Web sont souvent plus appréciés que les services de ventes au détail en magasin ;
• les ventes en-ligne sont rentables, et ce, depuis 2002 (70% selon un sondage récent) ;
• le sur-mesure de masse est gagnant (sur le Web il y aura toujours assez de consommateurs pour acheter un produit de niche) ;
• jouer la collaboration avec d’autres entreprises (vos compétiteurs d’aujourd’hui, sont peut-être vos partenaires de demain) et la synergie.

Chapitre 4 : Encore de grands changements à venir sur le Web (encore plus d’interactivités et de nouvelles technologies), et les services marketing devront s’adapter. Pourquoi ne pas demander aux consommateurs, non seulement son opinion, mais des suggestions d’innovations ? Certaines entreprises l’ont fait et l’expérience s’est avérée riche d’idées nouvelles et très rentable.

En conclusion : les entreprises n’ont pas le choix, elles doivent réinventer leur modèle d’affaires si elles veulent continuer à exister et être rentable.

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Quels seront les modèles d’affaires gagnants de demain ?
Table ronde animée par René Vézina, chroniqueur, Journal Les Affaires, à laquelle participaient :

    * Yannis Mallat, président Ubisoft,
    * Mitch Joël, président Twist Image,
    * Andrea Doyon, président, Hue
    * Thane Calder, Coprésident, CloudRaker
    * Patrick Lauzon, vice-président exécutif, canoe.com

Voici l’essentiel des commentaires de chacun :

Yannis Mallat, président, Ubisoft :

Il n’y a pas de recettes qu’on applique à la lettre. L’industrie de jeux vidéos est énorme : 250 milliards de $ de ventes l’année dernière. Pour beaucoup de jeunes, c’est l’ultime forme du divertissement qui est de plus en plus accessible avec la venue de consoles de plus en plus facile d’utilisation.
Les consommateurs étant de plus en plus informés profitent de la surabondance de l’offre.
À part le placement de produit et autres astuces marketing, le jeux vidéo peut s’avérer le média de la convergence.
La qualité et l’innovation sont les seuls gages de durée et de succès. Par la qualité du produit, on peut allez chercher du volume, et finalement, le volume devient payant; par exemple, ça prend environ 4 ans à développer et produire un nouveau jeux vidéo, mais 2 mois à le vendre à l’échelle planétaire.
À la question de M. Vézina, pourquoi l’entreprise s’est-elle installée ici? À cause de la présence de nombreuses universités à Montréal, parce qu’il y a beaucoup de talent ici - 80% de nos dépenses vont en salaires.

Mitch Joël, président, Twist Image :

Selon un sondage récent, 48% du temps de loisirs serait passé sur le Web. Les internautes sont à la recherche de contenu.Le contenu est le media, donc le contenu doit être rafraîchi constamment pour attirer de nouveau lecteurs et se fidéliser les lecteurs réguliers.
Ceux qui risquent de tenir et de faire de bonnes affaires sont ceux qui offrent un contenu unique avec des mises à jour continuelles. Il est impératif de tester tout ce qu’on met sur le Web, et si ça ne fonctionne pas, nous devons faire les ajustements rapidement, c’est le grand avantage du Web.

Andrea Doyon, président, Hue :

Fini le 9 à 5, désormais nous opérons en temps réel, 24 heures par jour et 7 jours par semaine, nous sommes toujours sur la brèche. Le succès vient du talent, véritable obsession, nous sommes perpétuellement à la chasse de nouveaux talents, non seulement ici mais partout ailleurs dans le monde.

Thane Calder, Coprésident, CloudRaker :

Il y a maintenant trop de publicité, le consommateur est de plus en plus indifférent et de moins en moins réceptif à ce bombardement ; désormais nous ne travaillons plus uniquement avec des données démographiques mais nous nous attardons plutôt à connaître les consommateurs dans leur routine quotidienne, et  en se demandant comment peut-on être utile ?
Exemples : la campagne Dove Evolution qui montre aux femmes que même pas parfaites, elles sont quand même belles et devraient être fières d’elles-mêmes.Michelin, le fabricant de pneus européen, qui à partir de 1908 publie des guides voyages avec des suggestions d’itinéraires adaptés aux automobiles.

Patrick Lauzon, vice-président exécutif, canoë.com :

Le Web présente de nouvelles opportunités d’affaires, par exemple, nous avons constaté qu’il y a une augmentation de sa fréquentation entre 11 :00 et 14 :00 les jours de semaine, c’est-à-dire, du lundi au vendredi, lorsque les gens sont au travail.
Le Web représente aussi de nouveaux canaux de distribution pour des contenus de médias traditionnels et contribue grandement à la convergence, donc à gérer de nouvelles sources de revenus.
Sur e-bay, les entreprises et les individus peuvent vendre ou acheter à peu près n’importe quoi ; de plus, certains produits ou certaines promotions ne sont disponibles que sur le Web, c’est ce que fait plusieurs sites, dont amazon.com.
Les bogues représentent aussi des opportunités parce que peu importe le sujet, il se trouvera toujours d’autres internautes pour s’y intéresser.

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The long Tail
par Chris Anderson, rédacteur en chef de la publiciation Wired

La culture de masse versus la culture de niche

Le déclin des blockbusters
Avec la venue de la télévision, on a privilégié la masse parce qu’on pouvait rejoindre une très grande majorité de consommateurs en même temps avec un même discours ; se faisant on créait des produits qui répondaient aux besoins de la masse et on se basait sur le plus petit dénominateur commun pour arriver à plaire à plus de monde possible. En 1950, l’émission no. 1 aux É.-U., I love Lucy, générait 70% du total de l’écoute américaine, en 2005, la meilleure émission génère à  peine 15%. Aujourd’hui les nouvelles technologies offrent plus de choix, résultant en plus de fragmentation des auditoires, et, donc moins de concentration.

Le 21 mars 2000, l’album No strings attached était lancé sur le Web avec un succès phénoménal ; dorénavant, le modèle d’affaires de l’industrie de la musique était ébranlé et devait se réajuster ; l’industrie de la musique se prête particulièrement bien aux nouvelles technologies, étant elle-même digitalisée. Il a donc fallu trouver des moyens d’être rentable autrement qu’en vendant uniquement des CD, soit des spectacles et autres produits dérivés. L’industrie de la musique est encore aux prises avec les méfaits du piratage mais, elle est loin d’être en danger. Il est désormais possible, facile et peu coûteux pour les amateurs de quelque musique que ce soit, de sortir des blockbusters des radios commerciales, et d’être plus sélectif dans son écoute, et les marketers n’ont d’autres choix que de s’ajuster.

L’industrie du cinéma qui devait mourir avec la venue du vidéo, se porte très bien et il est désormais plus facile de s’offrir des films d’ailleurs, autre que le cinéma américain, grâce à l’accès aux nouvelles technologies.

Les géants de la télé ne sont pas en danger avec la venue de la haute définition, difficile, sinon impossible à télécharger, mais ils ont perdu le monopole aux heures de grande écoute.

Le bouche-à-oreille est le marketing.

  • Le Web est le meilleur bouche-à oreille
  • Les consommateurs ont désormais tendance à avoir plus confiance à son entourage qu’aux institutions. Exemple : l’assistance à un nouveau film est plus grande ou plus petite à la seconde semaine de diffusion que la première, à cause du bouche-à-oreille
  • Le consommateur accorde moins de crédibilité au marketing, il veut juger par lui-même et l’opinion de son entourage ou de la communauté virtuelle à laquelle il appartient, compte dans ses choix.

Le marketing du 20e siècle cherchait le consommateur moyen, mais celui du 21 siècle, tient compte plutôt du Long tail, de la popularité ou de la distribution de la popularité d’un service ou d’un produit dans le temps.
Avec la théorie du Long Tail, on se rend compte qu’il y a beaucoup plus de volume qu’on croyait parce que l’inventaire est toujours disponible sur le Web, même que, certains produits ne sont disponibles que sur le Web (estimation de 40%) ; des produits qu’on ne pensait jamais vendre sur le Web le sont maintenant, par exemple : la bière Redbridge, bière sans gluten pour les gens qui y sont allergiques, produit de niche par excellence, et qui fait de bonnes affaires uniquement sur le Web.

The Long Tail of media :

Traditionnellement on mesurait le lectorat d’une publication, l’auditoire d’une émission, maintenant on mesure les clicks sur les hyperliens, la fréquentation des blogues, ect. ; on estime à 17 millions le nombre de blogues amateurs, et ce, seulement aux É.-U.
Ces blogues ne visent pas les masses, et ont la capacité d’être très sélectifs dans le choix du sujet, mais ils opèrent habituellement avec une économie de moyen, par exemple, le blogue Boing, Boing a lus d’influence que les sites Internet de Forbes, PBS, Business Week…

5 scary things to do on-line :

Pas besoin d’être un portail :

  • les hyperliens comptent pour 28% de la fréquentation et la page d’accueil pour 27%
  • les blogues comptent pour 23% en recherche et la navigation pour 22%
  • utiliser une section de page est la tendance actuelle
  • les blogues fonctionnent mieux que tout autre moyen - Internet is all about conversation

Faites tomber les murs :

  • enregistrerez-vous  pour accéder à d’autres informations exclusives
  • soyez gratuits

Conservez les archives :

  • Le taux de lecture des archives est de 40%  et 60% pour les éditions récentes

Osez !

  • On ne peut pas prédire le succès
  • Mais on peut faire des tests rapides qui ne coûtent pas chers
  • Et, profitez-en, il n’y a aucun contrôle…


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